Du polynectar dans votre jus de citrouille
Par Eden le Lundi 31 octobre 2022, 20:58 - Édition Spéciale - Halloween 2022 - Lien permanent
Dans l'ombre et la fraicheur de cette nuit, vous vous réveillez. Vous semblez plus grand, plus lent et plus lourd. Le temps de vous lever vous semble durer une éternité. Pourtant, une fois debout, le sommet de votre crâne n'arrive pas à toucher le plafond qui vous semble dorénavant si proche. Que se passe-t-il ? Vous attrapez votre miroir posé comme d'habitude sur votre table de chevet. Vous l'examinez de tout côté et laissez échapper un cri d'effroi. Un cri qui ne semble pas correspondre à votre voix. C'est généralement le cas au petit matin, après un sommeil bien profond. Mais en ce qui concernait le miroir, et ce que vous avez vu : rien. Absolument rien. La plaque réfléchissante ne réfléchit plus. Elle est comme recouverte de poussière ou de fumée à l'intérieur même du reflet.
Revêtu de votre vieille robe de chambre, vous sortez du dortoir de vos pas lourds en direction des toilettes. Vous devez en avoir le cœur net. Peut-être est-ce le somptueux festin de la veille ? Trop de Wisky-Pur feu a dû être versé dans les sauces. Peut-être avez-vous tout simplement trop mangé et votre estomac vous en veut encore. Le fait que personne ne semble être à l'extérieur des dortoirs renforce cette théorie. Personne. Pas même madame la Directrice de la Maison Poufsouffle qui pourrait s'être endormie sur un pouf de la salle commune. Cela n'aurait pas été la première fois, vous rappelez-vous. Mais ceci est une toute autre histoire.
Kaki, tout ce que vous pouvez apercevoir correspond à cette couleur. Heureusement que les plantes sont imposantes, elles vous permettent de vous repérer dans cette obscurité... Avec pour seul objectif de savoir. Parcourant le vaste espace de votre salle commune, vous avancez presque à tâtons à travers les couloirs et les escaliers en direction des salles de bain. Manquant de tomber, vous vous raccrochez à une plante qui semble être là pour l'occasion. Êtes-vous la seule personne à vous sentir comme ça ? Quelle heure est-il en plus ? Tant de questions sans réponses. Vous espérez en trouver derrière la prochaine porte qui s'offrira à vous. Une fois trouvée, vous l'ouvrez et vous remarquez que la seule lumière était celle de la Lune, qui venait de recommencer son cycle. Vous arrivez tout de même à reconnaitre votre environnement. Vous n'êtes pas totalement aveugle quand même. Avançant vers le premier lavabo, vous commencez à faire couler l'eau. Vous l'entendez, mais peinez à la distinguer à cause de la faible luminosité. Vous passant de l'eau sur le visage "Ohhh que ça fait du bien un peu d'eau !", vous levez la tête pour affronter la vérité...
Hors de vous, vous vous mordez la main afin de ne pas hurler et réveiller tout le château. Une mauvaise farce suite à l'excès de nourriture englouti le soir dernier, il n'y a que cette possibilité. Quelqu'un y est pour quelque chose, les préfètes, Miss Moore, Lucy Lencio ou... juste quelqu'un, peu importe ! Tout ce que vous savez, c'est que tous les miroirs ou autre objet ne reflètent maintenant plus rien, comme si une épaisse brume les bloquaient de leur seule fonction. Il faut un autre moyen de connaitre la vérité. Les morts ne dorment jamais, et ne racontent pas d'histoires. Vous vous dirigez maintenant vers la sortie de la salle commune. L'entrée s'ouvre à vous comme à son habitude et vous sortez trouver la moindre âme errante qui restera muet comme leur tombe après votre entretien.
À l'aide des bougies et chandeliers, vous déambulez dans les couloirs donnant la chair de poule. À cette heure, le château ressemble plus à un asile abandonné qu'autre chose, même pour vous. Vous tournez la tête sur votre gauche avant de pouvoir contempler les vitraux qui ne donnent, encore là, aucun reflet du monde intérieur. Vous marchez, marchez, montant les escaliers avec une facilité déconcertante vers le Hall d'Entrée. Vous vous rappelez de marches plus hautes. La peur vous submerge un peu plus à chaque pas. Soudain, vous entendez des voix. Des tons froids, sans émotions. Vous avancez prudemment, ne préférant parler qu'à une seule personne.
"Les autres attendent ! Où est-il ?"
- Il ne devrait pas tarder maintenant. Entrez tant que vous le pouvez encore.
N'entendant plus qu'une seule voix commençant un long et lent monologue, vous vous approchez. À la dernière marche vous pouvez apercevoir Sir Nick Quasi Sans-Tête qui se tient devant la porte de la Grande Salle. Rassuré, vous l'appelez par un chuchotement à peine perceptible. Le fantôme, le sourire aux lèvres, s'approcha de vous et vous salue de sa tête quasi détachée tel un gentleman le ferait avec son chapeau.
"Ahh vous voilà enfin Wallace ! La transition n'a pas été trop difficile ? Le reste du chateau vous attendait."
Commentaires
Hooooo belle image ici aussi et charmante histoire, j'adore ! Dans une histoire, pour moi, l'essentiel est la chute, et celle-ci est très réussie même si on commence à soupçonner comment ça va finir au moment ou Nick est là, mais c'est une belle histoire.