Début Mars, notre merveilleuse fondatrice Helga Poufsouffle, souhaitant réveiller l'esprit créatif de ses petits protégés, a lancé un concours artistique en salle commune. Le thème ? Les floraisons. 4 catégories avaient été proposées : Art Graphique, Poésie, Récit Court & Art Manuel.
Les Poufsouffle pourront vous le dire, cet article porte bien son nom car les membres de notre maison sont sans conteste bourrés de talent !
 

Je vous laisse donc découvrir ici les oeuvres de nos chers créateurs !

Par Sukyana Singh, première place

HAÏKUS

thème musical | winter flower - younha ft.

Nature suffoquée
Cri d’agonie de la flore
Joug sociétal

Brisé, asservi
S’affranchir des chaînes hostiles
Esprit libéré

Jugements toxiques
Délivre-toi des barrières
Ouvre tes pétales

Caresse de la brise
Devient bourrasque ; soumets-toi
Et courbe l’échine

Couleurs éclatantes
Ne cueille pas la fleur gracieuse
A l’envers obscur

Noyé dans l’ondée
Ne remonte à la surface
Qu’après avoir sombré

Telle la fleur qui naît
Vis, meurt, tôt ou tard faner
Amène l’éclosion

Trébuche sur l’écueil
Dressé par la vie vicieuse
Relève-toi toujours

Nitescente lune
Ne peut briller sans sa muse
Ténébreuse nuit

Par Sukyana Singh, première place

Les plus belles fleurs mettent du temps à s'épanouir

Il y avait, au fond de ton jardin, juste à côté de la haie et invisible depuis la maison, un rosier.

Ce rosier tes parents l'avaient planté le jour de ta naissance, pour célébrer la naissance de leur petite fleur. Ils en étaient fiers de ce petit calembour. Pendant de nombreuses années, une photo de ton père en sueur, un pelle à la main près de ce rosier tout juste planté a orné la cheminée.

Mais très vite, la joie laissa place à la déception. Parce que tout comme tu étais une petite fille malingre et effacée, ce rosier n'a jamais grandis et n'a jamais donné la moindre fleur. Il est très vite devenu au jardin ce que tu étais à ta famille, une bizarrerie incompréhensible.

Tu aimais bien te réfugier près de ce rosier. Tu apportais un petit tabouret que tu posais juste à côté de la haie, tout contre le rosier, puis tu parlais.

Tu lui racontais ta journée, ce que tu avais appris à l'école, avec qui tu avais joué... Puis, une fois ton histoire terminée, tu ramassais ton tabouret puis tu filais comme le vent jusqu'à la maison. Et chaque jour c'était le même rituel.

Ce rosier il a connu tes larmes.

Ce rosier il a connu tes joies.

Ce rosier il a connu ton désespoir.

Il a été celui qui a gardé le secret de ton premier baiser et qui a dissimulé les larmes de ta première rupture.

Mais jamais il n'a fleuri.

Il t'a vu grandir, véritable témoin silencieux évolution. Il a vu la petite fille aux yeux rieurs et aux couettes faites par un papa pas très doué pour ça. Il a connu l'adolescente mal dans sa peau qui ne pouvait s’empêcher de compter ses kilos en trop. Il a contemplé la jeune adulte anxieuse à l'idée de se lancer dans la vie. Comme cela te parait loin.

« Regarde, une fleur ! »

Un simple murmure qui suffit à t'arracher à tes pensées, alors que tu te redresses légèrement pour contempler avec une joie matinée de surprise la rose couleur d'harmonie qui vient de déployer ses pétales.

Une larme coule sur ta joue, essuyée bien vite par un doigt légèrement calleux.

«Elle a pris son temps... Remarque, les plus belles fleurs le font toujours. »

Et il t'embrassa dans le cou. Étouffant un petit rire, tu te rencognas un peu plus contre ton compagnon qui te servait complaisamment d'oreiller depuis bientôt une heure. Tu sentis sa main se poser sur ton ventre, caressant légèrement l'arrondi qui commençait à s'y dessiner, comme pour rendre hommage à une autre petite fleur qui ne tardera pas à éclore à son tour.

Par Jade Redhun, première place

Par Clémentine Smith, première place

 

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