@PinterestAnaïs, @ayoqq
 
Ohayô!

 

Comment ça va la marmaille? On reprend les mêmes et on recommence, c'est ça? Vous avez été nombreux à répondre à mes articles sur la philo et j'ai décidé de continuer. Ah c'est faux? Bon, on s'en fout, on continue pour les plus férus d'explications philosophiques d'Harry Potter.
Suivez-moi encore dans mes délires de phénix, de Nargoles sous LSD et surtout, n'oubliez pas vos dolipranes. Je vais parler de capitalisme, je vais essayer de pas trop m'étaler car je sais que cela peut devenir bien long. Théoriquement, vous avez vécu pire avec moi, mais accrochez-vous quand même, on ne sait jamais.


Commençons par ce spectre qui hante Poudlard : le capitalisme. C'est bon, j'ai encore débloqué, mais pourquoi je dis ça? Ah mais si, si on prend la théorie de Marx, le capital est "l'argent qui produit plus d'argent". Si on calque ça sur l'univers sorcier, l'activité des sorciers ne tend qu'à produire plus de sorcellerie. En asservissant les elfes, force de travail à leur service. Cornelius serait-il le directeur du FMI et Lupin le loup-garou de Wall Street? C'est grâce à mon poto Fritz Breithaupt que j'essaye de répondre à ces questions.

Plutôt qu'à la production de marchandises, l'activité des sorciers est consacrée à la magie, à sa maîtrise et à la manière de la rendre invisible. Les enseignants de Poudlard forment les recrues à la pratique de la sorcellerie. Les infirmiers soignent les magiciens blessés avec des sorts. Le ministère de la Magie, lui, s'occupe de réparer les dommages causés par la sorcellerie pour la dissimuler aux Moldus. Magie et sorcellerie semblent donc ne jamais produire de valeurs extra-magiques, elles se réfèrent largement à elles-mêmes et n'ont d'autres buts que de produire encore plus de magie. Cette autoréférencialité place la magie dans une proximité structurelle, peut être même objective avec le capital.

Pour Karl Marx, la différence centrale entre l'argent et le capital tient à ce que l'argent est échangé contre des objets d'usage courant, tandis que le capital ne l'est que contre des marchandises et dans le but d'échanger au bout du compte celles-ci contre encore plus de capital. D'une manière analogue, on peut considérer que la magie y ressemble. Elle permet juste à produire la magie de demain. Dans cette mesure, les jeunes sorciers ressemblent diablement aux investisseurs potentiels de la magie.

Mais il y a plus, Karl Marx décrit l'entrée du capitalisme dans 'Le Caractère fétiche de la marchandise et de son secret" (Capital, I, 1,4) en prenant l'exemple de la table. C'est, dit-il, un objet ordinaire, mais "dès qu'elle se présente comme marchandise, elle prend un tour surnaturel. Il ne lui suffit pas de poser les pieds sur le sol ; elle se met sur la tête face aux autres marchandises et se livre, avec sa tête de bois, à des caprices bien étranges que si elle se mettait à danser". Si la table se met à danser, c'est parce que, en tant que marchandise, elle présente une similitude non sensorielle avec d'autres marchandises, et peut être échangée avec elles de manière sauvage.

Dans HP aussi, les tables se mettent à danser. Celles auxquelles sont assis les élèves affamés de l'internat se couvrent de mets comme d'elles-mêmes. Pour les nouveaux apprentis sorciers, cela reste un miracle jusqu'à ce qu'ils s'y soient habitués. Les tables qui dansent sont la norme pour les capitalistes et les sorciers. Mais l'énigme du magicien est éventée. Ce n'est pas par magie mais grâce aux elfes que les tables se couvrent de mets. Seul l'échange entre tables vides et pleines relève encore de la magie ou d'un tour de passe-passe. Dans ce monde, tout est doublement cul par-dessus tête. Tant que la table se remplit par magie, c'est une table de sorcier, disons normale dans un monde gouverné par magie. Mais le monde se renverse lorsqu'Hermione découvre que ce sont les elfes qui y installent les plats, au prix d'un rude labeur. Le travail physique ne s'intègre pas au monde des magiciens. La bulle capitaliste éclate. Derrière la sorcellerie comme derrière le système du capitalisme, on trouve, dissimulés, les esclaves du travail. Après un double volte-face, Hermione se retrouve de nouveau sur ses pieds, et ne danse plus.
En bonne sociale-démocrate, elle tente de libérer les serfs et les valets du travail mis en esclavage. Mais elle ne pense pas du tout à une révolution complète à la Marx, Engles et Lénine. Et même si Harry libère tout de même un elfe de sa servitude, aucune solution n'est avancée, et après un bref haussement d'épaules où l'on discerne l'ironie de l'auteur, l'histoire revient au statu quo. Les elfes domestiques restent les ouvriers du système, et les sorciers augmentent les trésors du capitalisme magique. Il n'y a ni retour ni avancée vers un autre ordre. Le capitalisme ne connaît plus d'alternative, il est notre monde. Tout est marchandise, tout est magie. Allez salut, à la prochaine! Non je rigole bien sûr !

Bon soyons honnête, même en écrivant l'article, j'ai eu mal au crâne. J'aurai bien voulu faire un deuxième thème, mais je pense qu'on a tous eu notre quota pour le mois ahah. Cependant, si vous avez des critiques, n'hésitez pas, ma volière est toujours présente.
 
Peace !