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Avant toutes choses : posez vos fourches.


Je ne suis pas là pour lancer le débat, pas plus que je ne souhaite pointer du doigt qui que ce soit. L’être humain est une merveille de l’évolution (enfin, pour le pourcentage non-problématique de la population, le reste c’est poubelle, déso pas déso) et dieu merci : nous sommes tous plus différents les uns que les autres. Une chose nous rassemble pourtant (à des stades divers et variés) : le besoin d’amour, d’attention, de sentir que l’on compte, que l’on existe, en gros, le besoin d’appartenance. Alors oui, je vous vois d’ici faire les gros yeux, souffler et même tourner les talons.

Attendez avant de partir. Si l’article ne vous plaît pas, je m’engage à vous payer une commande dans la boutique de votre choix. C’est bon ? Vos désirs capitalistes ont été suffisamment appâtés ? Bien. Poursuivons.

Lors de la dernière édition des Crocs, ma chère et tendre collègue Orane vous a parlé de la niaiserie, du côté guimauve, bête et idiot ou tous les synonymes auxquels vous pourriez penser. Oui, poufsouffle en fait partie, non, vous n’avez probablement pas tort. Aujourd’hui, j’aimerai vous donner les raisons pour lesquelles, à mon humble avis, il n’y a aucun problème à être légèrement trop porté sur l’attention, l’affection et tout le bordel.

Outre le côté beurk ? Donner de l’attention aux gens qui vous importent ne devrait pas être synonyme de honte, de flemme, ou de "pitié qu’on ne me voit pas !" . Je pense qu’on devrait célébrer ou, tout du moins, être fier d’être en mesure de nous poser là et de dire haut et fort : putain, t’es une personne en or et je te souhaite tout le bonheur du monde. Il n’y a rien de mal à dire à une personne qui nous est chère : tu m’as manqué, ça m’a fait plaisir de te voir, est-ce que je peux te racketter d’un câlin, là, tout de suite maintenant ? Ce n’est pas faire preuve de faiblesse que de laisser les gens s’introduire dans votre bulle, dans votre espace personnel. Pas quand il s’agit de vos proches amis et croyez-moi : c’est pourtant un pro du “je te dégage avant que tu puisses me dégager, bisous !” qui vous le dit. Pendant des années, moi aussi j’ai tiré la gueule dès que les gens passaient en mode câlin, en mode banalités dégoulinantes de niaiserie poufsouflienne, et tout ce que vous voulez d’autre.  Pourquoi ? Parce que je me disais que c'était la honte, parce que je n'étais pas un gamin en manque d’affection, parce que je me croyais trop cool à faire genre que j'étais sombre et mystérieux et que je m'asseyais en retrait du monde en murmurant des choses étranges dans ma barbe. J'étais un dark sasuke en mal de tout, watch out, don’t get closer.

Non, non, non et non.

Alors certes, il y a des limites à la débandade. Personne ne vous demande de vous mettre totalement à nu (genre, littéralement. Gardez vos vêtements, surtout près des écoles, par pitié). Personne ne vous demande non plus de passer outre vos propres besoins. En fait, tout ce qui est demandé ici, c’est l'absence de jugement de ceux qui ressentent le besoin ou la nécessité de s’exprimer, d’exprimer leurs sentiments, de les montrer d’une façon ou d’une autre. Je le répète, on est tous différents les uns des autres. Là où je saurais me contenter d’une tape sur l’épaule ou d’une disquette lourde pour signifier mon affection, d'autres pourraient avoir besoin de se tenir la main, d’utiliser des mots, des chansons, des memes, voire d’user de signaux de fumés pour faire passer le message. Et au final, c’est ça qui est chouette avec l’amour, parce qu’il est bien question d’amour ici.

D’amour platonique pour votre meilleur.e pote qui vous paye un grec quand vous êtes dans le rouge ou inversement, d’amour passionné pour votre tendre (ou dure ?) moitié, de dévotion pour votre animal de compagnie qui pourtant continue de pisser partout et/ou de faire ses griffes sur le mobilier, d’affection pour votre petite voisine vraiment trop rigolote qui pourtant vous prend la tête avec la reine des neige 2, fraternel pour votre frère, votre sœur ou les deux - que vous ne pouvez pas voir en peinture tout au long de l’année mais pour qui vous iriez casser des rotules si besoin est.

C’est bizarre comme ça, mais c’est ce qu’est l’amour.

C’est ce qu’est l’attention.

La loyauté, même.

Je me dis que tout ça se rejoint, finalement. Tant que ça apporte des bons sentiments, que ça fait du bien, qu’on termine avec un sourire plus ou moins large, c’est une bonne chose, non ? Alors pourquoi s’en priver ? Pour une histoire de réputation ? Pour faire genre ? C’est une chose dont vous devriez profiter tant que c’est là. Parce qu’après tout, le monde est fait de pierres et comme l’a dit un grand homme : le truc avec les pierres, c’est qu’éventuellement, elles s'effondrent.

Alors pas besoin d’en faire des caisses, non, ou faites-en si vous voulez. Faites-le avec humour, avec sérieux, délicatesse ou façon brute de décoffrage (mais surtout avec le consentement de l’autre, faut pas déconner non plus). Pas besoin de passer ses journées à déclarer des poèmes parfumés à l'eau de rose - ou alors c’est votre passion et dans ce cas, pourquoi est-ce que je n’ai pas encore reçu mon poème parfumé ?

Au final, le message est le suivant : soyez vous-même. Soyez franc. Soyez bon. Ne soyez pas juge, juré et bourreau. Il faut du courage pour s’assumer, il en faut aussi pour rester dans l’ombre. Quoi que vous décidiez, tant que c’est avec les meilleures intentions et exempt de la moindre vilenie, on approuve. Faites-vous du bien. Faites-en aux autres et souvenez-vous : vous êtes de chouettes humains, vous méritez d’être heureux, riche, en pleine santé (dépendamment de votre besoin du moment). Soyez niais ou ne le soyez pas.

Personnellement, j’ai décidé d’arrêter avec les faux semblants. J’aime à savoir que les gens vont bien. Et si un compliment par-ci, par-là, si un câlin, une tape dans le dos ou un coup de boule (en toute gentillesse) peut illuminer un tant soit peu une journée, je ne vais pas me gêner.

Je ne vous aime peut-être pas tous, mais aux quelques-uns qui se démarquent du lot : il est où mon putain de tacos de l’amour ? Merde.