Le soleil baissait doucement à l'horizon. J'étais là, assis sur un banc, entouré de somptueuses et magnifiques fleurs, regardant ce merveilleux paysage. La soirée n'allait pas tarder à commencer, mais, en bon garçon de 12 ans, j'avais soif de découverte, et j'étais très curieux. Je soupirai et me retournai pour regarder ma maison qui devait faire au moins trois étages. Je me levai et recommençai à marcher dans le jardin. J'avais tout. J'avais pleins de jouets, pleins de consoles de jeux-vidéo... Mais Maman m'avait strictement interdit de m'aventurer dehors tout seul.
Pourtant, j'étais un grand garçon ! Non ? J'avais 12 ans ! Je pouvais très bien me promener seul; même du côté de cet étrange cirque...
Car oui, dans cette ville, il y avait une partie qui n'était plus exploitée depuis longtemps. Les maisons étaient abandonnées et un étrange cirque se trouvait là bas. On voyait parfois de drôle de lumières, et on entendait de drôles de musiques... Les policiers y étaient allés plus d'une fois, mais étrangement; personne. Les activités cessaient pendant une semaine, puis rebelote, ça repartait... Et si j'allais visiter ce petit coin ? Je serai de retour pour dîner. Maman n'aurait pas le temps de voir que j’étais parti !
Il faisait bon, et j'étais habillé de mon smoking, comme Maman avait fait venir des gens importants. J'étais resté un peu, pour parler aux gens, étant un peu timide toutefois, puis elle m'avait demandé d'aller jouer dehors. Ils devaient certainement parler de choses importantes.
Bref, je commençais à marcher, en direction de ce coin mal famé. Il était facile à trouver ! Les maisons étaient délabrées, et personne n'osait y traîner. Mais moi, j'étais sûr qu'il n'y avait rien de dangereux, là-bas.
J'arrivais enfin dans le coin en question. La rue était déserte, vide, les maisons aux toits défoncés, comme les fenêtres ou les volets qui ne tenaient plus que par une malheureuse vis qui supportait le poids, sur le mur. Le bout de la rue était fait d'une impasse, à base de béton armé. Beaucoup jugeaient la forêt, et plus particulièrement ce coin, trop dangereux.
Soudain, j'entendis une musique. Étrangement, je reconnais cette musique. Je fronçai les sourcils. C'est une musique de cirque, mais assez lente, déformée... Le genre de chose qu'on ne voulait pas entendre. Mon esprit voulait que je retourne chez moi, en sécurité, à la maison, auprès de Maman. Mais ma curiosité fut la plus forte. J'escaladai une échelle, posée contre le mur, pour avoir une meilleure vision. La forêt illuminait les alentours de ses ombres effrayantes, tandis qu'au loin, je voyais le gigantesque cirque, en activité. Je fronçai de nouveau les sourcils. Alors, c'était vrai, ces histoires... On aurait vraiment dit un cirque en activité. Mais la musique qui en émanait était étrange. De plus, la lumière violette projetée par quelques projecteurs autour du cirque, au ciel, me donnaient envie de m'y rendre, sans que je sache pourquoi.
Je secouai la tête, quittant mes rêveries, pour me retourner, quand je vis, horrifié, que je ne pourrais pas redescendre...
L'échelle avait disparu.
Mais où est-elle ? Était-elle tombée ? Je me penchai, pour regarder. Rien. Pas un signe de l'échelle. Et la maison était trop haute pour que je puisse descendre sans problème. L'autre côté de la maison, elle, menait de l'autre côté du mur, donc de l'impasse. Mais il y avait des caisses, alignées sur les murs. Je n'avais pas le choix. J'étais trop loin de la maison, et mes cris ne seraient pas entendus. Je décidai donc de me laisser tomber sur les caisses, pour aller de l'autre côté. L'atmosphère était froid, glacial, et je commençais clairement à redouter ce que je venais de faire.
J'aperçu, au loin, la forêt, dont l'orée était délimitée par une grande grille. Celle-ci possédait une petite porte, en son centre... une porte ouverte... Je ne pouvais bien voir, d'ici, ce qui faisait que je voyais... une silhouette... Oui, une silhouette. Je fronçai les sourcils et commençai à m'avancer instinctivement, cherchant de l'aide. Ce qui m'inquiétait, c'est que j'étais à découvert, pouvant être vu par les personnes se trouvant dans le cirque.
Soudain, je m'arrêtai. Je ne m'étais pas trompé... Il y avait bel et bien une silhouette, visible, à la grille. C'était une petite fille, habillée en robe blanche. Son visage était incroyablement blanc, ce qui la rendait assez effrayante. De plus, ses yeux semblaient très fatigués, ses cheveux noirs extrêmement longs, et sa robe semblait tâchée d'une couleur rougeâtre.
Pourtant, au milieu de cet étrange accoutrement se trouvait un sourire enfantin, mais presque... sadique. Elle rit, d'un rire aussi enfantin que le sourire, et recula, s'enfonça dans la forêt.
Come with me, come to the forest.
I just want to find a friend,
To play my games before the rest,
To play with me before the end.
Come with me, come to the circus.
You will become our new friend,
To play our games in the focus,
To play with us before your end.
Sans m'en rendre compte, presque hypnotisé par les paroles de la fille, je m'avançais, passant la grille, puis m'enfonçant doucement dans la forêt.
A la fin de l'étrange poème, je m'arrêtai, et regardai autour de moi en papillonnant des yeux. Devant moi se dressait un sentier... qui menait... vers le cirque... Je fis un pas en arrière, effrayé. Pourquoi suis-je dans la forêt ? Que s'est-il passé ?
Come with me...
Cette voix, de nouveau. Je pouvais voir la silhouette de la fille, venant du cirque. Je fis alors demi-tour et me mis à courir, tandis que la fillette, derrière moi, riait d'un rire à la fois enfantin et effrayant.
Je fonçais droit sur le grillage et m'acharnais sur la porte. Impossible à ouvrir ! Pourquoi ? J'entrepris d'escalader le grillage, mais il était trop tard...
Deux bras fermes s'enroulèrent autour de ma taille pour m'arracher du grillage. Je poussai un cri.
MAMAN ! Hurlais-je AU SECOURS !
J'étais étonné de l'incroyable force de la fille, qui plaqua sa main sur ma bouche pour éviter que j'alerte la ville, bien qu'elle soit trop loin pour que l'on m'entende.
Et le sommeil... Je ne me rendais pas compte combien j'étais fatigué... A un point où j'arrêtai de me débattre... et fermai les yeux, accueillant le doux repos du sommeil... Près de moi, la fillette susurra à mes oreilles son poème horrifique une fois... deux fois... trois fois... et bientôt, je ne savais même plus combien de fois elle le fit. Je m'endormis immédiatement.
Et le cirque accompagnait la fillette de sa plus belle musique foraine effrayante.