Deux préfets, un loup-garou, un surdoué et une troisième-oeil entrent dans un bar. Ce serait le bon début d'une bonne blague, si ce n'était pas la réalité...

Nos aventuriers, en quête du fameux trésor oublié des statues bisonnes, venaient de quitter le confort du château ancestral, après des adieux aussi émouvant que niais. Des pleurs, des promesses, des tentatives veines et inutiles pour rester cacher dans une armure.

Après que les cinq aventuriers eurent descendu la région, ils s'arrêtèrent pour se restaurer, dans le petit village de Pré-au-Lard. La nuit tombait déjà, et le vent, cinglant, fouettait le visage des jeunes sorciers.

Se réfugiant alors chez la Tête de Sanglier, ils furent accueillis par un drôle de saltimbanque, sans doute incompris (ou au piètre talent), vu les verres et écuelles qui volaient vers lui.

- Vous ne comprenez rien à rien ! Bande d'ab... OH ! Bienvenus !

Le soi-disant comique invita alors le groupe hétéroclite à s'asseoir à ses côtés, alors que les huées cessèrent petit-à-petit sous les coups de cornes de la chèvre du patron. Après quelques verres, et une sieste de Bepo, l'inconnu décida de leur révéler son identité :

- Mais je ne me suis pas présenté ! Marc Nissa, saltimbanque et joueur occasionnel de "balopié". Mais qu'est-ce qui vous amène donc dans ce petit village ? Vous allez visiter l'école ?

Les explorateurs improvisés échangèrent un regard perplexe, avant de tous fixer leur préfète qui, comme sentant leurs regards dans sa nuque, leva les yeux de ses olives avec lesquelles elle jouait.

- Euh, eh bien euh... euh... On... partais en... euh... vacances ? À pieds. Oui, c'est ça ! Des vacances à pieds !

Peu convaincu, le prénommé Marc plissa des yeux avant de se dire que, de toute façon, il se moquait de savoir ce qu'ils faisaient là.

Les bierraubeurres continuèrent de se succéder et bientôt, tous partirent louer une chambre dans l'établissement. Ils durent tous se tasser pour rentrer dans les 2 lits restants, mais une fois que Michael et Marvin eurent retirés leurs chaussettes sales, ils gagnèrent étrangement de la place.

Le lendemain matin, ils se levèrent tous et, au lieu d'un petit-déjeuner fumant et odorant, ils virent une jeune fille -Shannon- qui fixait le saltimbanque d'hier. Lui-même semblait grommeler.

- Je suis sûre que tu vas nous faire des crasses, JE L'AI VU !

- ET MOI JE DIS QUE TU ES FOLLE !

Les deux ne cessèrent de se disputer que lorsque le groupe les sépara dans deux zones différentes, laissant la Hartley piller la réserve de cacahuètes d'Abelforth le gérant.

Bepo, encore ensommeillé, vînt s'enquérir de la situation du saltimbanque qui, rouspétant, préparait déjà son baluchon.

- Tu voulais quoi en fait ?

Comme si le préfet avait prononcé quelques mots magiques, ou comme s'il venait de proposer quelque chose sans s'en rendre compte, le Nissa ouvrit de grands yeux ébahis, un sourire se dessinant sur son visage.

- Mais vous suivre enfin ! Vous avez tous l'air débiles euh, pleins de ressources ! Imaginez les histoires que je pourrais raconter sur vous ! Et puis comme on veut plus de moi ici... Soit disant je fais fuir la clientèle...

C'est ainsi que le groupe se compléta d'un membre en plus. Marc Nissa, le saltimbanque joueur de balopié, rejoignit le petit groupe qui s'approchait des cols de sombregouffre, dernière frontière du monde connu.