@Quentin Arnaud

 

Ceci n'est pas une pub.

Il y a cette équipe. Une équipe hétéroclite qui gravite autour d'une ou deux personnes et qui, peu importe la maison, peu importe l'équipe, donnent le "La" d'une section quand ce n'est pas celui de P12 entier. Ils sont là, vitrine de la maison, reflet de son ambiance, de ses délires, de ses valeurs, de ses réflexions, mettant en avant des membres, des animations, des sujets, des scandales et autres polémiques quand il ne s'agit pas simplement de mettre des paillettes dans nos vies.

Je ne voulais pas y entrer.

Quelques mois après mon inscription, ils étaient plusieurs à me demander que je candidate, que je postule.

Camden, CeC à l'époque et mon parrain, aimait ma plume, il apprenait à me connaitre et pensait que je pourrais apporter quelque chose aux Crocs. Non.

JBW. Chroniqueur à l'époque, joli plume dont j'espère, à mon tour, qu'il nous rejoigne, m'avait donné des coups de coude psychologiques. Fallait pas que je me fasse prier. Je finirais par y venir. Non.

Qu'est-ce que j'aurais raconté ? Pourquoi faire ? En aurais-je simplement le temps ? Et l'envie ? Non, l'envie, je ne l'avais pas. Chroniqueur, c'était un peu le genre de poste à la con dont vous savez que vous ne seriez pas mauvais, le genre de "pourquoi pas", mais pour lesquels vous n'avez ni envie, ni temps, ni motivation. Pourquoi se casser la soupière à créer une candidature pour quelque chose qu'on ne veut pas vraiment ? Se présenter, comme si j'avais envie de m'analyser en quelques paragraphes, présenter ses motivations, quand j'en avais aucune, écrire des articles, quand on a pas d'idées et qu'on aime pas se plier à un thème, au jugement d'autrui. Aucune envie que ma plume soit cruxifiée ou banalisée. Et pour faire quoi ? Faire ce que d'autres voient en soi ? Faire pour faire plaisir ? A-t-on envie d'être ce que les autres voient en nous ou est-on ce que l'on veut être ce que l'on ambitionne ?


Ne jamais dire jamais.

C'est par ma plume que j'ai touché aux Crocs, les Brèves de Gazette ont été ma touche, mon p'tit projet, mon p'tit bébé, mon envie de regarder les autres journaux sans haine, sans rivalité, cette rivalité que d'autres ont tant à coeur d'imposer. Suis-je moins Poufsouffle si je lis le Chicaneur ? Suis-je douteuse si je suis d'accord avec les propos polémiques d'Aidan ? Suis-je si méprisable si je ne méprise pas les illustrations du GT ? Ou peut-être était-ce l'inverse. L'ouverture d'esprit fait partie des valeurs de la maison. Tout cela n'est qu'un jeu, ne nous méprenons pas, mais est-ce un mal si on souhaite promouvoir quelques valeurs de maison ? J'avais envie de casser les préjugés, envie de montrer que partout se trouvaient de jolis plumes, et de jolis pinceaux, de m'amuser en comparant les critiques selon leur ancienneté, leur poste ou leur appartenance aux journaux. Etaient-ils plus sévères ? Plus indulgents ? Impartiaux ? J'aime comprendre, analyser, découvrir, m'émerveiller, alors j'ai décidé de partager cette partie de moi, un brin de ma vision des choses, quelque chose qui ne pouvait pas faire de mal en tout cas, quelque chose qui me semblait intelligent, recherché, pertinent, intéressant.

Mais la plume, c'est se livrer. Quand on écrit, on est en tête avec soi-même. Peu importe les mots que l'on couche sur le papier, que l'on tape sur le clavier, ils sont entre soi et soi, jusqu'à ce que tu cliques sur Envoyer. Mais que peut-on raconter réellement ? Comment rester intéressant ? Comment l'être réellement ? Suis-je trop subtile ? Trop trash ? Trop indélicate ? Trop sarcastique ? Trop banale ? Trop lisse ? Trop longue ? Alors, la plume se lasse quand elle a l'impression d'avoir épuisé un thème qui pourtant, tenait à coeur à l'auteur. Et quand la plume se lasse, quand l'auteur préfère rester entre soi et soi, c'est le pinceau qui prend le relais.

Il suffit d'un moment. Un moment de solidarité, d'entraide, quelque chose de fort, d'uni. Il y avait cette envie d'aider, de faire le maximum pour relever le défi, de faire plaisir et finalement, on se rend compte qu'on y prends plaisir. Et on se dit... mais en fait, ça me plait. C'est moins prenant que la plume, dans tous les sens du terme, et trouver de nouvelles idées, tenter d'exploiter des images de manière différente, originale, sympathique, cela me plait. J'ai réussis. Réussis à contribuer à une édition, vraiment, entièrement. Pourquoi ne pourrais-je pas donner un peu de temps chaque mois pour continuer à sublimer articles après articles ? Et puis, les illustrations sont souvent sous-estimées, reléguer au second plan, ce serait l'occasion de changer les choses, de faire un vrai travail graphique sur l'ensemble du journal.

Voilà comment on devient chroniqueur dans un journal. Il ne s'agit pas d'écrire ou d'illustrer à contre-coeur. De faire son boulot en fin de mois, ou tout début, parce qu'il faut bien rendre les choses à temps. C'est plutôt une envie d'offrir, une envie de contribuer. Mettre quelque chose en avant, que ce soit par la plume ou le pinceau, le mettre en valeur, le sublimer, l'exprimer, le crier, le hurler, l'exposer. Et c'est le plus beau dans l'illustration. Si l'on met une partie de soi, de ces goûts, c'est difficilement cernable, et au final, ce n'est jamais de soi-même dont il est question mais des autres. Et si l'altruisme n'est pas une valeur de Poufsouffle, nul doute qu'elle y aurait sa place à cet égard.


La question n'est pas donc de savoir si vous avez quelque chose à offrir, mais si vous êtes prêts à nous le donner, à l'exposer, à vous soumettre à un jugement, un avis, un regard, un commentaire. Si vous avez envie de donner le meilleur comme le pire de votre personnalité et de votre créativité, parce qu'on s'expose à chaque article, chaque illustration, que ce soit partiellement ou totalement, non pas au lynchage, ce n'est pas l'esprit de la maison, mais au regard et l'appréciation de chacun. Vais-je plaire ? Il est de la responsabilité de chaque lecteur de savoir qu'il a ceci entre ses doigts, sur son écran, et chaque chroniqueur, de ce qu'il offre librement, le temps d'un instant, avant de retomber dans l'oubli. Et à chacun de savoir quant il est prêt à sauter le pas, d'avoir l'occasion de toucher chacun·e qui effleura du regard vos images et vos mots, car chacun·e est un chroniqueur potentiel jusqu'au moment où il participe à la vitrine de la maison.


Ceci n'était pas une pub.