Evidemment, je ne pouvais pas revenir dans l'équipe de notre journal de maison sans ma très chère rubrique artistique, celle où je dévoile les dernières créations sorties de ma plume ! Ce mois-ci, j'ai choisi de vous dévoiler l'un des poèmes de mon recueil à venir, Christabel. J'espère que vous l'apprécierez autant que j'ai aimé l'écrire !

BELLE ET FANTASSIN

Ainsi le disent les anciens chants :
La douce enfant du grand Ulysse
S'en alla vers l'Orient
Où l'on dit que les rivières
Guident mille fantômes
Jusqu'à la Lune.

Se dressa devant elle Edirne
Dont le sein berce le crépuscule,
Dont les Hommes nourrissent l'eau,
La belle eau rouge
Du fleuve Andrinople.

L'on raconte que ce cours traverse le monde
Comme une larme du Ciel
Retombant à son terme
Dans de profonds Enfers.

La princesse s'allongea sur la rive
Où l'y prit un long sommeil.
A l'envol de Morphée
Brûlaient les cierges d'argent.

Ses yeux se perdirent alors
A contempler la balade des morts
Dont la lourdeur des cuirasses
Avait touché les fonds écarlates,
Laissant la brise de minuit
Lentement soulever les spectres
Comme les voiles d'un vaisseau.

A la lueur d'une étoile,
Son visage parut enfin,
Le blanc visage sur l'eau.

Souliers ôtés,
Elle plongea dans l'eau froide
Où les corps sombrent,
Où seules les âmes flottent.
Elle nagea jusqu'à lui,
Légère, tel un vent.
Ainsi le disent les anciens chants :
Belle et Fantassin, unis de nouveau,
Furent mariés sous la Lune
Et pour toujours voguèrent
Entre les Cieux et la Terre.


Ecrit par Adrian Mander