njour à tous, mes Poufsouffles d'amour ^^ Comme vous le savez peut-être, je prépare un prochain recueil assez particulier et conséquent, l'Anthologie du Minotaure. Et, il y a quelques semaines, vous avez pu découvrir dans la bibliothèque le premier extrait de cette anthologie dans, notamment, l'étagère "poésie". Aujourd'hui, en exclusivité, je vous propose le second extrait de l'Anthologie du Minotaure, que j'ai intitulé "La Pluie sur la Fenêtre"

La Pluie sur la Fenêtre

Semble dessin fantôme, trace de buée,
A travers la vitre sourit cet étranger :
Murmures des rideaux, me souffle quelques mots
De peine, d'amour, de haine : il m'est si beau

La mélodie de la pluie sur la fenêtre
M'entraîne au loin avec toi parmi les hêtres
Dans une forêt, silencieux bosquet, me dit
Je t'aime et te supplie, please don't forget me

Rain is rising, but I remember you and me
Sous une averse des larmes que tu verses
Tu pleures, m'implores, et nos baisers se gercent

Angel, Love is the feeling that I feel in me
N'oublie jamais ceci car si j'aime un Autre
L'Humide souvenir toujours sera nôtre.




C’était pourtant un magnifique soleil digne d’un chef-d’œuvre florentin qui s’était levé cette journée ci. C’était pourtant le premier jour du printemps, un si bel équinoxe qui se profilait à nous. Pourquoi cela aurait-il du changer ? Pourquoi aurais-je du maudire pareille journée ? Alors que nous avions vaincu de nouveau l’hiver, pourquoi tomber maintenant ? Pourquoi ?

Cela faisait quelques heures depuis la veille au soir que j’entendais des pleurs tout autour de moi, avec toujours ces murs froids pour m’empêcher de comprendre d’où ils provenaient. Que s’était-il passé ? Je ne le savais pas. Aujourd’hui, alors que le matin s’était déjà déposé sur le monde et que, au-dessus de nous, allait culminer l’astre au zénith, il vint vers moi. 
Depuis des jours, des mois, des années peut-être, il avait arboré un teint pâle, et un visage creusé par la fatigue. Dans la lenteur de ses gestes jusqu’au timbre de sa voix, une fragilité maladive traduisait son mal. Mais que peut-on savoir de la maladie des autres alors que l’on n’a que onze ans ? Il vint vers moi. Et me dit qu’il se sentait mieux. Je ne savais pas comment le prendre : certes, il avait toujours ce teint livide, mais le sourire dont il était paré ne pouvait pas me mentir. Je l’ai cru. Alors il m’a regardé dans le bleu de mes yeux et m’a posé un baiser sur le front et de me prendre dans ses bras. Et puis, il est reparti dans sa chambre, me laissant là. Mais ce n’était probablement pas la dernière fois qu’il me témoignerait ainsi de son attachement. 

Cinq minutes plus tard, il était mort.

Je me rappelle m’être assis près de lui : il était glacial, plus blanc que jamais, sans un sourire. Tout ça, tout ce qui pouvait me convaincre qu’il était en vie… Tout ça s’était évanoui, là, quelque part, alors que je cherchais désespérément la sortie de ce cauchemar. Mais dans ce cauchemar ci, par de sortie. Une impasse. Celle de la réalité, fatale, mortelle. Il m’a abandonné... 

Mais je ne commettrai pas à mon tour sa faute. Moi, je ne l’abandonnerai pas. Alors je suis resté, seul avec lui pendant de longs jours. Pendant que la poussière et les araignées tapissaient d’un triste linceul cette pièce, et me recouvraient. Une couverture comme celle qui réchauffe les enfants qui ont peur le soir. Et je me suis laissé recouvrir, comme une chenille. Je suis devenu chrysalide. Les semaines ont passé et son corps inanimé, allongé dans son cercueil, m’avait déjà quitté, mais j’étais encore là. Immobile, mais toujours vivant. Plus personne ne pouvait me deviner à travers la toile blanche qui m’habillait. Je ne voyais plus, n’entendais plus. Je ne savais même pas qu’il était parti depuis longtemps, ou bien me forçait à l’ignorer. Je ne voulais pas sortir. Au moins, j’avais l’impression de ne plus exister, que mes plaies étaient pansées. Je ne pouvais plus pleurer, ni hurler. Le temps était figé, la douleur aussi. Ce n’était pas plus mal. Et puis, au fond, le monde extérieur, à quoi bon ? 

Bien sûr, certains auront tenté de pénétrer de force cette chrysalide, mais en vain. Quant à moi, je n’ai pas souhaité émerger. Cela a duré bien des années… Je ne me rappelle pas comment être sorti de cet état, ni même si j’en suis totalement sorti. J’ai néanmoins tellement laissé dans ce cocon que je ne pourrai jamais oublier cette période. Mais d’autres printemps se sont succédés depuis. D’autres deuils aussi. Tant de choses dont on s’endeuille... La famille... L’enfance... Les illusions... Les amis... Tous ces gens, tous ces sentiments… La mort est si forte, si présente. Comment ne pas se soucier d’elle lorsqu’elle frappe à notre porte ? Comme lorsque, durant l’orage, la pluie s’abat sur notre fenêtre...


Le Ruisseau Tranquille

S'écoule l'écume de mes yeux, sur mes joues
Cet océan, si noir et qui nous emporte
T'a dérobé à moi ; de désespoir, la Roue
De l'Infortune profana les eaux mortes

Fleuves cruels ! Par cinq fois, vous m'achevez,
Vous me noyez dans des abysses trop lourdes
Mon regard plongeant, lacrymal, dans le marais
Vide, se balançant au bout d'une corde

Quelle pluie m'empêche donc de te rejoindre
Dans le muet apocalypse des tréfonds,
La fin du monde : épilogue trop profond?

Vers quelle rive mon cœur pourra t'il poindre?
C'est une énigme impénétrable à Neptune
Pas pour toi, accompagne moi sous la Lune...